Antoine Vey : « Un avocat est fait de sa compétence technique et de sa clientèle » - Essor Isère
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le - Boris Stoykov - Avocats

Devenu garde des Sceaux, ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti a quitté la robe. Antoine Vey, son ancien associé, a repris les rênes du cabinet d'avocats Dupond-Moretti & Vey – aujourd'hui devenu Vey & Associés. Il nous parle de sa proximité avec « Aquittator », son mentor, et de l'avenir du cabinet.
Vous êtes l'associé du cabinet Dupond-Moretti & Vey. La grande nouvelle est la nomination d'Eric Dupond-Moretti en qualité de garde des Sceaux. Qui est-il pour vous ?
J'ai commencé à travailler avec Eric Dupond-Moretti il y a plusieurs années maintenant. Il a d'abord été mon patron, puisque j'étais son collaborateur, puis mon associé quand on a créé notre cabinet à Paris. Ce cabinet était à la fois tourné vers le droit pénal, notamment la procédure criminelle qui est le champ traditionnel de compétence de maître Dupond-Moretti et vers d'autres types de contentieux ainsi que d'autres types de pays, notamment dans l'espace francophone, comme la Suisse, la Belgique ou l'Afrique. On a, depuis bientôt une dizaine d'années, cherché à développer un savoir-faire, ce qui nous a conduit à s'installer tous les deux à Paris. Puisque la proposition lui a été faite de rejoindre le Gouvernement pour y conduire la réforme de la justice et qu'il a accepté cette proposition, il n'est plus avocat aujourd'hui et ce sont les dix avocats du cabinet qui continuent le travail qu'on avait initié durant ces dernières années, tourné vers le développement d'une activité de contentieux pénal international.
Comment le cabinet va-t-il continuer ses activités sans son mentor ?
Nous ferons comme on l'a toujours fait, en privilégiant la qualité technique et en essayant d'offrir à nos clients un service juridique haut de gamme au niveau de l'expérience. L'avantage d'avoir une activité qui est assez concentrée c'est qu'on en est les spécialistes, on peut toujours revendiquer le titre de spécialiste de la procédure criminelle parce qu'on concentre un nombre de dossiers criminels et d'assises importants. Nous allons continuer la lancée qui était la nôtre.
Avec ou sans Maître Dupond-Moretti, les avocats qui sont ici sont des avocats de grande qualité, le projet est le même, les locaux restent les mêmes, les clients ne sont pas partis. On va continuer avec, peut-être, une autre façon de faire mais qui restera ancrée sur les mêmes valeurs.
Justement, quelles étaient les valeurs et quelle était la vision de Dupond-Moretti ?
Il a des qualités propres, qui sont les siennes, qui correspondent à la fois à une personnalité, à un physique et à un parcours. Ici, on n'a jamais cherché à imiter Dupond-Moretti. Les avocats qui sont ici ont leur personnalité, leur physique, leur parcours, leurs inspirations aussi. Certains ont travaillé avec beaucoup d'autres pénalistes, j'ai moi-même travaillé avec Olivier Metzner et Patrice Spinosi. On a essayé depuis une dizaine d'années de créer une équipe de profils divers, dont certains se sont spécialisés en aménagement de peine, en droit du marché de l'art etc. Donc, on ne peut pas réduire l'activité du cabinet à la seule personnalité d'Eric Dupond-Moretti. Depuis longtemps on souhaite développer une activité plus large, s'appuyer sur des avocats de qualité et il se trouve que sa nomination accélère un peu les choses mais ne modifie pas le projet ni notre travail, de plus en plus collectif, même au pénal. Nous n'avons pas besoin de rentrer dans une sorte de culte de la personnalité.
Effectivement, cette nomination est arrivée un peu vite et vous tenez désormais les rênes du cabinet. Vous qui êtes aussi avocat à Genève, comment voyez-vous les choses pour développer votre activité, notamment vers l'international ?
C'est une question qui est légitime. Beaucoup de gens se la posent comme s'il y avait péril en la demeure. D'abord, aucun client ne nous a quitté, c'est donc qu'ils savent reconnaître qu'au-delà de la personne d'Eric Dupond-Moretti, certaines choses au cabinet leur donnaient envie de continuer avec nous. On avait le projet d'ouvrir un cabinet à Genève et ça va être le cas. On a d'autres projets à l'international qui continueront à se développer, on a une équipe jeune, qui travaille depuis sept ou huit ans ensemble. Il n'y a que de belles choses qui peuvent se passer, je ne suis pas du tout anxieux par rapport à ça.
Un avocat est fait de sa compétence technique et de sa clientèle, l'un va souvent avec l'autre donc on essaye de développer une véritable compétence technique, par une ultra-spécialisation dans un créneau donné qui est le contentieux des libertés fondamentales et le contentieux pénal au sens large. On ne veut pas se cantonner à la procédure d'assise, on veut que les personnes qui rencontrent un problème pénal ou une question relative aux libertés fondamentales sachent qu'ici, on aura une équipe d'avocats extrêmement spécialisés sur ces contentieux. Ensuite c'est un cercle vertueux puisque plus vous en attirez à vous, plus vous devenez spécialisé, plus vous l'êtes et plus vous avez de la visibilité, vous êtes plus représentatif. La pompe du cercle vertueux a été amorcée sous l'ère d'Eric Dupond-Moretti mais il n'y a aucune raison qu'elle s'arrête de fonctionner maintenant qu'il n'est plus là.
Comment avez-vous traversé la crise du Covid-19 ? Pas mal de cabinets ont souffert dans la profession… Comment se passe la reprise ?
La nomination d'Eric Dupond-Moretti est arrivée comme une surprise mais on a profité du confinement pour prendre un temps, que parfois nous n'avons pas à cause des audiences, pour structurer notre équipe, notre cabinet, nos projets. Donc, ça a été une période extrêmement productive. On a fait des choses qu'on n'a jamais le temps de faire comme permettre une refonte de notre site Internet ou des choses qui peuvent paraître secondaires comme la rédaction d'articles de doctrine, replonger dans des dossiers qui seront les dossiers emblématiques de l'année prochaine etc.
Cela intervient dans un contexte qui était celui de la rentrée, parce que l'on pense que la crise va continuer jusqu'à la fin du mois d'août, et on espère avoir une très belle rentrée avec beaucoup d'audiences et de choses nouvelles dans notre équipe. On a continué à travailler très énergiquement pendant toute cette période donc là on a besoin de vacances parce qu'en réalité, on a beaucoup travaillé pendant le confinement.
Comment voyez-vous l'avenir de la profession ? Est-ce un avenir plutôt radieux maintenant qu'Eric Dupond-Moretti est garde des Sceaux ?
Malheureusement, quel que soit l'homme politique, il n'est jamais providentiel donc il ne faut pas attendre de lui ou de quelqu'un d'autre qu'il nous rende heureux. Il est là pour mener des réformes précises qui vont, je l'espère, améliorer les conditions de travail des magistrats, des avocats et surtout la situation des justiciables en France, au sens large.
Il n'a pas été nommé pour rendre les gens heureux et optimistes. Il est vrai qu'on a traversé, depuis quelques années des crises successives, économiques, sanitaires, de terrorisme qui, peut-être, affectent le moral d'une majorité de Français. Mais se sont des considérations très individuelles donc je n'ai pas de vision particulière de comment les choses peuvent évoluer. Je ne suis pas dans cette réflexion, j'essaie de conduire un cabinet et de percevoir des lignes qui nous intéressent comme l'internationalisation, le développement de contentieux différents du droit pénal strict.
Comme dans toutes les crises, l'essentiel, c'est d'être adaptable et c'est pour ça que l'on fonctionne avec une petite équipe et qu'on n'a jamais voulu s'associer avec des gros cabinets, parce qu'en terme de conflits, de locaux et de réactivité, on estime que ce n'est pas une bonne stratégie.
Il y a quand même eu une période où la profession d'avocat était remontée contre les réformes menées par Nicole Belloubet, s'était positionnée contre la réforme des retraites et il y a eu des cas anecdotiques de protestation, comme la jetée de leurs robes devant la ministre de la Justice...
Oui il y a eu un conflit majeur sur la question des retraites des avocats et il faut aussi rappeler qu'avant la crise du Covid, il y avait déjà eu des avancées négociées par les avocats en matière d'aide juridictionnelle, en matière de retraites aussi. Maintenant, je ne connais pas la position du Gouvernement sur la réforme des retraites post-Covid-19 mais je sais qu'Eric Dupond-Moretti a accepté, en y entrant, d'être solidaire d'une politique gouvernementale. A partir de là, la question des retraites est un des sujets parmi d'autres. Évidemment il sera attentif à la question de la protection sociale des avocats, étant lui-même un ancien avocat, mais ce n'est pas aussi simple, il ne suffit pas de nommer un expert-comptable pour que les experts comptables aient un régime de faveur dans une réforme collective. Ce sont des sujets politiques et il ne m'appartient pas spécialement de les commenter.
Propos recueillis par Boris Stoykov
August 24, 2020 at 02:14PM
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