Roy Cohn, l'avocat total - Le Point
Judul : Roy Cohn, l'avocat total - Le Point
link : Roy Cohn, l'avocat total - Le Point

Malgré ses défauts et ses crimes, Roy Cohn était un avocat immense. Une figure du genre. C'est ce que l'on retient en refermant la biographie fine et très bien informée que lui consacre le journaliste Philippe Corbé (Roy Cohn, L'avocat du diable, Grasset, 384 p.), qui paraît ces jours-ci. Roy Cohn débrouille toutes les situations, gagne presque tous les procès, obtient des sommes folles pour ses clients, décourage des reporters malveillants, fait censurer des livres, désigne lui-même les juges et les procureurs des affaires qu'il traite. C'est probablement l'avocat le plus romanesque des États-Unis, comme Jacques Vergès en France, même si les deux ne sont en rien comparables, sauf peut-être pour leur niveau atmosphérique de mauvaise foi et leur absence totale de scrupules. La biographie de Cohn aurait pu être titrée « Sans foi ni loi ».
C'est en même temps un personnage terriblement américain, et surtout new-yorkais, à la fois sombre et glamour, riche et mauvais payeur, show-off à l'excès, jetant de la poudre aux yeux d'un petit monde affamé de vanités, repoussant et outrepassant toutes les limites, flirtant avec la détention, la mafia, la mort. Il est fêtard, malhonnête, croqueur d'hommes, tellement lifté que certains décrivent les cicatrices encore sanglantes de ses opérations. Il roule en Rolls et demande à son chauffeur de ne pas s'arrêter aux feux rouges. Il se targue de ne pas payer d'impôts en faisant passer tous ses revenus et dépenses sur son cabinet, y compris son yacht qu'il coule probablement volontairement pour obtenir l'indemnité de l'assurance.
Lire aussi Philippe Labro : « Hollywood est à la Maison-Blanche ! »
Artisan de l'élection de Ronald Reagan
Cohn a eu une influence considérable. Il est pour partie l'artisan de l'élection de Ronald Reagan, avec son compère Roger Stone, qui n'est pas pour rien dans celle de Donald Trump. Il dîne chez les Reagan pendant le mandat présidentiel. Il était proche de Richard Nixon. Il introduit Rupert Murdoch dans l'establishment américain. Et il fait Donald Trump, avec l'aide de la mafia dont on ignore la teneur exacte des services qu'elle rend mais à laquelle Trump surpaye le béton servant à construire sa tour mythique à New York. On apprend comment Cohn persuade le magazine Forbes de mentionner Trump, alors promoteur débutant, parmi les 400 premières fortunes des États-Unis, en mentant de manière éhontée sur les millions de dollars que le futur président feint de posséder alors qu'il n'en est rien. « Fake it to Make it » est leur devise.
Au même rythme qu'elle se trouve progressivement admise dans la société, Cohn assume peu à peu son homosexualité, jusqu'à ne plus vraiment s'en cacher. Et puis le sida apparaît et emporte son amant, avec lequel il se montre attentionné et prévenant jusqu'au bout, loin du diable qu'il a été tout au long de sa carrière. Trump, lui, envoie une facture pour la chambre d'hôtel occupée par le défunt dans ses derniers mois de vie. Cohn est malade et finalement terrassé, lui aussi, par ce qu'on appelle alors le « cancer gay ». Roy Cohn était un dur, un violent, un homme sans morale, un tueur. Le meilleur avocat de son temps.
September 10, 2020 at 01:12PM
https://ift.tt/35oGB51
Roy Cohn, l'avocat total - Le Point
https://ift.tt/2YzffFy
avocat
Anda sekarang membaca artikel berita Roy Cohn, l'avocat total - Le Point dengan alamat link https://padosberita.blogspot.com/2020/09/roy-cohn-lavocat-total-le-point.html