Affaire Monguillot : “C'est le combat contre les victimes qu'ils ont décrété”, dénonce leur avocat - Valeurs Actuelles
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Coup de théâtre à Bay
Coup de théâtre à Bayonne. Deux mois après l’agression sauvagement perpétrée à l’encontre de Philippe Monguillot, chauffeur de Trambus de 58 ans, l’avocat de l’un des suspects mis en examen s’est exprimé au micro de France Bleu Pays Basque, lundi 31 août. A la veille d’une première audition de son client devant le juge d’instruction, maître Thierry Sagardoytho a affirmé que le chauffeur de bus avait porté les premiers coups, avant d’être battu à mort par quatre jeunes individus.
Selon les enregistrements vidéo qui ont capté la scène, « c’est mon client qui a été violemment agressé en premier », affirme l’avocat au barreau de Pau qui précise que Philippe Monguillot aurait donné « un violent coup de tête à la figure », projetant le principal accusé en arrière. Il est alors 19h07, ce dimanche 5 juillet. La riposte sera immédiate et incontestable : le groupe s’acharnera sur le père de famille à l’extérieur du bus. Au total, la séquence va durer entre 1min30 et 1min40, rapporte Me Sagardoytho. Pas question de minimiser l’agression pour autant. L’avocat assume une réponse « disproportionnée » mais souhaite que les éléments à décharge soient également retenus.
« Ils cherchent des alibis à leur violence »
Maître Alexandre Novion, l’avocat de la famille Monguillot, déplore une stratégie peu usuelle de la part de la défense : « Habituellement, on hésite avant de révéler des éléments de l’enquête », s’étonne-t-il. Selon l’avocat au barreau de Bordeaux, le camp de la défense cherche « des alibis à leur violence », qui pour autant « n’expliqueraient pas les coups multiples manifestes, alors que l’homme était déjà au tapis ». Un comportement « symptomatique de l’attitude des auteurs ». Presque huit semaines après le drame, pour Me Novion, « ils ont trouvé une possibilité de continuer le combat à titre posthume contre Philippe ».
L’avocat bordelais préfère rester prudent avant d’avoir eu accès à ces images, pour s’assurer de leur fiabilité et sur ce qu’elles révèlent. « Si Philippe a tenté de se dégager par un coup, pourquoi pas, je serai le premier à l’admettre quand nous aurons pu consulter les images, d’une manière animée et contradictoire », admet-il.
Une scène « d’une grande violence »
Mais cette nouvelle version ne doit pas faire oublier qui est la principale victime. « Il s’agit d’un homme contre un groupe », rappelle Me Novion qui reste circonspect, considérant l’hypothèse d’un coup violent venant se poser en alibi à l’ultra violence qui a suivi. L’avocat de la famille Monguillot souligne que « ces quatre individus ne sont pas restés sagement sur place à attendre la police pour expliquer qu’ils ont fait acte de défense. Ils se sont au contraire enfuis pour retrouver leurs complices et établir une ligne de défense ». « Apparemment ce ne sont pas les grands blessés de cette affaire », note-t-il.
Il pointe du doigt un discours de la défense visant à dire « que la victime l’a cherché, que leur client a riposté. A quand la légitime défense ? », s'interroge l’avocat. Les premiers éléments de l’enquête montrent incontestablement qu’un individu est entré dans le Trambus bayonnais pour rejoindre les trois autres personnes. « Personne n’avait de masque, un n’avait pas son titre de transport », rapporte Me Novion qui précise que lorsque le chauffeur s’est adressé à eux, « des injures fusent ».
Philippe Monguillot se dirige donc vers l’arrière du bus pour rappeler les règles en vigueur. « Soit vous mettez vos masques, soit vous descendez ». « Ils voulaient en découdre avec lui, ils ne voulaient pas descendre », ajoute-t-il. « A-t-il essayé de se protéger ? De se défendre ? Je ne sais pas », reconnaît l’avocat bordelais. Le père de famille de 59 ans se retrouve hors de son bus, roué de coup. Alors qu’il tente de se relever, le visage ensanglanté, l’un des belligérants lui donne le coup fatal. « Ce qui se passe est d’une grande violence, à la manière d’Orange mécanique », commente l’avocat.
Des accusés « imperméables à la douleur des victimes »
Selon Me Alexandre Novion, ces « quatre lâches » se montrent « rétifs à une prise de conscience ». « Ils sont totalement imperméables à la compassion, à la douleur des victimes et aux conséquences que leur comportement a produit sur une famille dévastée », déplore-t-il. Mais plus grave encore, selon l’avocat, « c’est le combat contre les victimes qu’ils ont décrété », de la part de ce groupe d’hommes qui, « placés dans les mêmes circonstances, reproduiraient les mêmes schémas ».
Parmi le groupe d’agresseurs, l’un d’entre eux, âgé de 22 ans est considéré comme le protagoniste de l’affaire, celui qui aurait mis le coup fatal à Philippe Monguillot. Mis en examen pour « homicide volontaire », il sera entendu devant le juge d’instruction, mardi 1er septembre. Un autre individu est mis en examen pour meurtre, tandis que les deux autres sont poursuivis pour « non-assistance à personne en danger ».
Si les noms des suspects ne sont pas dévoilés, il s’agit de « quatre majeurs », précise l’avocat, dont l’un était en séjour irrégulier et un autre venait de sortir de prison, en liberté conditionnelle, pour des faits de violence. « Aucun des quatre n’a véritablement d’emploi, ils vivent des aides sociales ou de petites combines », nous révèle l’avocat de la famille Monguillot. Un autre fait état de « problèmes physiques », l’empêchant de travailler. Il aurait même entamé des démarches pour bénéficier d’une pension.
Une famille dans la douleur et la dignité
La procédure de défense est vécue de manière particulièrement douloureuse par la famille Monguillot, qui attend d’être reçue par le juge d’instruction, toujours sans réponses. « Il faut quand même pouvoir penser que les intérêts de la victime ne sont pas quelque chose de secondaire », appelle leur avocat.
Au-delà de ce drame qui a bouleversé la France et même dépassé les frontières de l’Hexagone, au regard des messages de soutien reçus par la famille, Me Alexandre Novion rappelle que « Philippe s’est retrouvé battu à mort dans le fonctionnement ordinaire de son métier » et espère que cette affaire sera l’occasion de « réfléchir et trouver un moyen pour que les chauffeurs de train, bus, tram puissent être aidés dans leur protection et celle des usagers. Au cours de l’été, un certain nombre de comportements ont démontré que vouloir faire respecter l’autorité, un service ou l’intérêt général pouvait susciter une violence incontrôlable ».
September 02, 2020 at 03:00PM
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